Benguiste, et pourtant s’ils savaient

Article : Benguiste, et pourtant s’ils savaient
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9 septembre 2015

Benguiste, et pourtant s’ils savaient

C’est une joie pour tout benguiste et africain en général d’enjamber l’océan atlantique. De fouler le sol européen tant prisé par les médias. Un sol présenté comme la terre promise pour l’étudiant qui part poursuivre ses études ou du gain facile pour l’aventurier.

Des images fausses, pour la plupart du temps, lorsqu’on y débarque et que l’on  finit par découvrir soi-même. Une autre réalité ! Elle commence par le changement de climat, de mentalité, de culture et très souvent de langues.

Cher (e) futur (e) benguiste, l’Europe n’est ni pas un paradis

Après le temps pour s’adapter, il faut lutter pour gagner sa vie qu’on soit là pour l’aventure ou pour les études. Vigile, livreur, plongeur, vendeurs ambulants,  jusqu’au nounou … aucun métier n’est épargné.

Des métiers pourtant difficiles à acquérir et qui demandent des heures de travail pour une rémunération, qui parfois ne permet pas de joindre les deux bouts. La vie en Europe est chère pour un benguiste comparée à celle en Afrique.

benguiste, et pourtant s'ils savaient
Partir à l’aventure constitue souvent un espoir pour les siens. Crédit Photo: flickr.com

Malgré tout cela, les parents, amis et connaissances au pays ont une longue liste de projets. Ils attentent les moyens financiers d’un benguiste, depuis l’Europe. Chaque appel venant de l’Afrique donne des vertiges  au benguiste ou  la peur au ventre avant même de décrocher.

Même s’ils appellent pour prendre des nouvelles du benguiste en question, la fin se terminera toujours en  commandes pour le jour du retour. Un retour qui efface la joie de revenir après de longues années pour faire place à la peur de ne pas pourvoir satisfaire toute le monde.

Un monde qui oubli que les compagnies comme « dhl », « fedex » ou parfois la poste sont implantées en Afrique pour envoyer tout comme recevoir également les colis. Et non des compagnies installées uniquement en Europe pour des envois sans retour.

Comment peut-on accompagner une personne à l’aéroport , il y a à peine deux semaines . Quand celle-ci est partie pour des études, l’on  lui demande une tablette de dernière génération  ?

Des expériences vécues et racontées par des amis benguistes  

Hier, assis sur un rocher, la main sur la joue, je regardais tristement Fatou. C’est une jeune sénégalaise benguiste,  vendeuse d’objets d’art vivant depuis trente ans en Europe. Elle me demanda pourquoi j’avais l’air si triste.

Je commençai à lui expliquer que j’avais expédié 50 euros à une connaissance et après retrait même pas un merci. Après quoi, j’ai appris plus tard que cette connaissance est allée dilapider cet argent dans un bar en une soirée!?

Fatou se mit à rire et me dit : si je t’explique mes soucis aussi, tu risques de pleurer car mon histoire est pire que la tienne donc vaut mieux subir sans prise de têteJe pars très bientôt au Sénégal après cinq ans d’absence; mais depuis plus d’un an, je prépare mon voyage. Je compte envoyer très peu de vêtements pour moi ; car la majorité de mes affaires seront à la solde de ma famille.

Et pourtant s'ils savaient.
Et pourtant s’ils savaient… Source : Pixabay

Un ami étudiant du Congo , quant à lui, décida de me conter une anecdote. Il me disait en substance : «  Mon cher, mes amis au pays sont plus que des calculatrices, il suffit de leur demander combien font telle ou telle somme d’euro en Fcfa automatiquement ils te le diront ».  Avant d’ajouter : «  Moi ma mère m’appelle cinq mois avant les fêtes de fin d’années pour me prévenir : son argent d’habits et poulets. ». Ah mon Dieu !

Quand la faute revient aux benguistes eux-mêmes

A qui la faute ? En vérité en vérité, la réalité revient souvent à certains benguistes. Quand on sait que certains avec les réseaux sociaux propagent une image de facilité de la vie en Europe via des photos, des vidéos etc. dans tels lieux ou tels monuments. Cela donne assurément des idées, une image trompeuse surtout que ces derniers viennent à peine de quitter l’Afrique.

Je disais un jour à un ami benguiste au cours de mes vacances chez lui en Espagne, que ce sont les africains eux-mêmes qui font qu’on leur demande telles ou telles choses. Avez-vous déjà vu une fois, une personne demander de l’argent à une autre qui n’a en a pas ? Jamais ! On demande toujours de l’argent à celui qui a les moyens. Que certains benguistes ne viennent pas se plaindre après leur « m’a tu vu » par ci ; par-là.

Peu importe l’endroit d’où vous venez, du pays, du continent : Côte d’Ivoire, Sénégal, Congo, Maroc, Brésil etc.,  la mentalité de certains de nos frères et sœurs envers leurs compatriotes  en Europe resta toujours la même : celle de la réussite coûte que coûte. Quel que soit ce que vous leur raconterez, ils ne vous croiront pas cher benguiste.

Saint Thomas, l’apôtre du Christ n’a t-il pas lui aussi douté et été incrédule avant de voir en son temps ?  » Si je ne vois pas dans ses mains la marque des clous, si je ne mets pas mon doigt dans la marque des clous, si je ne mets pas la main dans son côté, non, je ne croirai pas ! » Cf Jean 20:25.

Pour le paraphraser, on pourrait dire ceci: « Si je ne monte pas dans un avion; si je ne foule pas le sol d’ un pays européen ou américian, si je ne vis pas toutes ces réalités de l’Europe ou de l’Amérique. Non je ne crois pas « !

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Commentaires

Ecclésiaste Deudjui
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BenJ je sens que c'est un sujet qui te turlupine. chaque fois que je discute avec toi je sens ces relents d'explication de la situation du mbeinguetaires (benguiste). c'est un combat difficile à gagner car les Africains sont englués dans un complexe inaltérable du mythe de l'Occident. et pourtant s'ils savaient...

Benjamin Yobouet
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Et pourtant s'ils savaient...ce sujet, j'en parlerai toujours très cher Ecclé tant qu'il le faudra pour qu'on sache ce qu'il faut savoir en réalité...

renaudoss
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Et pourtant s'ils savaient, vraiment. On n'insiste pas assez sur ce point. Le mythe de l'occident "terre où coule le miel et le vin" est trop ancré dans l'inconscient collectif des Africains mésinformés.
Il nous faut toute une éducation sur ce point, ça évitera bien des désagréments et des dispersions de nos forces vives.

Benjamin Yobouet
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Tu l'as bien dit, toi et Ecclésiaste, il faut "casser" le mythe, faire tomber les barrières du cliqué qu'on a de l'Europe...