Benguiste : tu viens quand, tu repars quand ?
Cela fait quelques jours seulement que Krystel, mon amie, est rentrée au pays. Elle y est pour les vacances. Mais depuis son arrivée, une seule question court sur toutes les lèvres autour d’elle : « ma chère benguiste, tu repars quand » ?
Bon, une seule fois au passage, ça va. Deux, trois fois, cela se comprend. Plus de quatre fois, voire plusieurs fois dans la journée ? Là ça devient agaçant un peu non ?
Pourtant, m’a-t-elle confié, lorsqu’elle était en Europe, ses parents, amis et connaissances la réclamaient tout le temps à travers cette question » : « Tu viens quand » ? Quel paradoxe ! Quelle contradiction ! N’est-ce pas ?
« Tu viens quand ? Tu repars quand ? », voici les deux questions auxquelles sont confrontés de plus en plus, les benguistes entre leur pays d’origine et celui de leur résidence. Vous direz peut-être que c’est de bonne guerre. Ce n’est pas faux !
Mais cela est bien plus, que ce vous pensez, surtout quand on se retrouve chez nous en Afrique. Comment ? Eh bien, découvrons ensemble les deux principaux cas de plus près. Peut-être, me donnerez-vous raison plus tard. Je dis bien « peut-être ». Let’s go !
1er cas : Tu viens quand benguiste ?
Qui ne souhaite pas revoir son proche qui se trouve aujourd’hui loin de soi ? Un parent avec qui on a vécu d’intenses moments, mais qui réside désormais là-bas au bout du monde, à des milliers de Kilomètres ? Assurément personne !
Le bonheur dit-on on ne l’apprécie que lorsqu’on l’a perdu. Pour certains, cela fait plus d’un an loin des siens. Un an seulement ? Cela peut paraître peu. Mais pour une mère par exemple, ça fait beaucoup ! Pour d’autres, cela fait peut-être deux, cinq voire 10 ans et plus.
A ce moment-là, la famille, les amis vous réclament énormément. Que dis-je, vous harcèle un peu trop. C’est vrai qu’il existe la magie d’Internet ou des TIC. Toutefois, ni les photos envoyées ou publiées sur Internet, ni les discussions sur les réseaux sociaux, ni même les appels téléphoniques ne combleront le contact physique, ce contact réel et chaleureux.
Comment est devenue ma fille, mon fils, ma mère, mon pote, mon amour… La liste n’est pas exhaustive. Ah qu’il ou elle a changé ! Bon Dieu, comme j’ai envie de le ou la serrer dans mes bras ! Voici autant de souhaits formulés par les siens.
Et dans toutes les conversations qu’on aura avec les amis, parents et connaissances, cette question ne manquera jamais. Mais tu viens quand même ? On a trop envie de te voir. Tu nous manques beaucoup. Pardon, viens nous voir un peu. Ou bien tu ne veux plus revenir au pays ? Tu n’as plus envie de nous voir ?
Voici ce à quoi un benguiste est souvent confronté. On peut appeler cela un harcèlement fraternel et familial n’est-ce pas ? (Rires) ! Non je déconne un peu, mais c’est la réalité. Pourtant vous et moi, nous savons, qu’on ne rentre pas au pays comme si on revenait d’une simple balade. Non ! Voici ce qu’il faut savoir avant de retourner au bercail .
2e cas : Benguiste, tu repars quand ?
Après maintes réflexions. Après plusieurs mois ou plusieurs années. Mais aussi et surtout après avoir succombé au harcèlement des « Tu viens quand ? », on décide enfin de retourner au pays pour revoir les siens.
Quelle bonne nouvelle ! Quelle joie ! Tout le monde est excité. Tout le monde est impatient à l’idée de se revoir. Notre fille, notre fils, notre mère, mon pote, mon amour… sera là très bientôt. Il ou elle revient de l’Europe. Notre benguiste !
Bon, je vous épargne du convoi qu’il y aura à l’aéroport, de ces retrouvailles chaleureuses qui rivaliseront les 80 degrés Celsius du thermomètre. C’est normal, c’est l’Afrique après tout !
Mais je dis bien « MAIS » après les extases et tralalas de bienvenue, on vous lancera à la figure cette question : « Tu repars quand même » ?
Gare à vous si vous êtes rentré (e) pour toujours. Gare à vous si votre séjour au pays devient long. Gare à vous si vous ne donnez pas de réponses plausibles. Alors là, bonjour les rumeurs et commérages !
-Depuis que le ou la benguiste est venu là, il/elle ne repart pas hein. Ce n’est pas clair !
-Est-ce qu’il/elle n’a pas un problème d’argent ou de papiers même ?
-Il paraît qu’on l’a rapatrié, c’est pourquoi depuis il/elle est là.
-On l’a trop vu ici au pays, qu’il/elle reparte en Europe maintenant… Et patati et patata !
Un benguiste, c’est fait pour quelques jours au pays, pas plus ?
Au vu de tout ce qui précède, on est en droit de se poser la question suivante. Est-ce à dire qu’un benguiste, c’est fait pour séjourner seulement quelques jours au pays, au risque d’essuyer des rumeurs et commérages ? Peut-être bien. Ah bon ?
Sinon comment comprendre qu’on pousse une personne à repartir de sitôt après l’avoir harcelée de revenir au pays ? Ne sommes-nous pas libres de rester le temps que l’on souhaite ?
Très chers proches de Krystel, mettez un peu d’eau dans votre vin pour que mon amie passe un agréable séjour auprès des siens. En fait, épargnez-la des « Tu repars quand ? » et autres commérages du genre.
PS: Retrouvez encore plus d’articles sur mon blog ; à très vite !
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