Gbaka et wôrô-wôrô : ces transports qui donnent le vertige
Là où deux ou trois Gbakas* et wôrô-wôrô* sont réunis, l’esprit de folie règne au milieu d’eux ; tiré de l’Evangile selon Saint wôrô-wôrô verset Gbakas. Permettez-moi cette expression qui est mienne (rires).
Rappelons-nous la célèbre chanson de l’artiste ivoirien Meiway, intitulé « ma folie ». Il disait en guise de refrain : « Ma folie, ma tête est Gnagami* (*signifie « mélangé » dans le jargon ivoirien), tout est Gnagami dans ma tête, tout est mélangé ! ».
Imaginez un seul instant, un chien en alerte maximale dans un marché bondé ; lequel chien a été déclaré fou par un vétérinaire certifié. Qu’en diriez-vous ? N’est-ce pas une catastrophe inédite ?
C’est malheureux de le dire. Mais c’est la même chose, lorsqu’il s’agit d’égrener le chapelet de comportements de Messieurs les chauffeurs et apprentis de ces transports en commun abidjanais : wôrô-wôrô et gbakas.
En effet, ces taxis communaux et mini-cars dans les communes d’Abidjan ont vu le jour avec pour vocation première : soulager les personnes issues d’une faible source de revenus.
Ainsi, les expressions telles : wôrô-wôrô et gbakas ont fini par épouser le vocabulaire des usagers abidjanais aussi intellectuels soient-ils. Mais est-ce pour cette raison qu’il faut faire vivre des moments d’angoisses et de vertige à des honnêtes clients ?
C’est là que l’expression « wourou fatôh » prend tout son sens. Traduisez dans le dialecte “malinké“ ivoirien, vous trouverez : « chien fou ». Si ce n’est pas le conducteur qui, avant le service, prend son petit déjeuner composé, tenez-vous bien, de café noir express ou d’alcool et j’en passe.
C’est plutôt, l’apprenti qui se contente d’une cigarette comme passe-temps et n’en déplaise aux clients pour la fumée. L’on n’est donc pas étonné de voir des chauffeurs aux yeux rouges, conduire à tombeau ouvert et l’apprenti exhiber ses croupions de part et d’autre.
L’état des véhicules ? N’en parlons même pas, parce qu’ils sont on ne peut plus inutilisables. D’aucuns parlent de “France au-revoir“ mais c’est plutôt il faut le dire “Somalie bienvenue“.
Ils « s’enfoutent » ces transporteurs de gbakas et wôrô-wôrô ou si vous préférez ce sont des wourou fatôh, des chiens fous. Leur unique et souci majeur : faire une bonne recette, comme le disent les américains : « Time is money » !
Pour ce faire, accidents, impolitesse, bagarres à longueur de journée, organiser le désordre à tout prix, font partie intégrante de leur credo.
Un conseil d’ami : tous ceux et celles qui ont un problème cardiaque, de reins ou d’asthme…, de grâce abstenez-vous de ces transports !
Mais à y regarder de près, on se pose la question suivante : peut-on se passer des wôrô-wôrô et des gbakas ne serait-ce qu’un seul jour ? Une telle interrogation suscite un véritable dilemme au vu et au su de la situation financière de plus en plus difficile ?
Dans tous les cas, que ferions-nous sans ces moyens de transports, orchestrés par les Seigneurs « wourou fatôh » ? Ah la pauvreté, quand tu nous tiens ! Décidément, que Dieu nous en garde, dites Amen !
Tant qu’il aura des wôrô wôrô et des gbaka sensibles au style wourou fatôh, le désordre vivra, vivra, vivra… librement inspiré de FEU Roger Fulgence Kassy, célèbre animateur ivoirien.
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