Ce qu’il faut savoir avant son retour au bercail
Le retour d’un « benguiste » ressemble à un homme qui part à la chasse. Celui-ci ayant obligation de ramener du gibier à la petite famille (femme, enfants,). Un jour dans une causerie, j’ai demandé à un ami en France à quand ton retour au pays pour voir la famille ? Il est resté silencieux et pensif pendant un long moment. Comme si je venais de lui annoncer une mauvaise nouvelle. Puis, reprenant ses esprits, sûrement, il m’a répondu avec un air sérieux et sur un ton sec : « Je ne suis pas encore prêt ! »
Retourner au pays n’est pas une chose aisée
Sa réponse, telle une flèche a suscité en moi maintes interrogations : « Tu n’es pas encore prêt ? Comment ça ? Je ne comprends pas ? Il te suffit de réserver et d’acheter un billet, tu travailles, cela fait au moins cinq ans que tu n’as pas vu ta famille ! Elle ne te manque pas ? »
– « Bien sûr, elle me manque énormément, mais penses-tu que retourner au pays est une chose aisée ? Ce n’est pas une mince affaire ! S’il suffisait de réserver et acheter un billet comme tu le dis si bien, je le ferais même chaque année. Mais ce n’est pas le cas ». J’étais sidéré et impatient d’avoir des explications parce que là, je n’y comprenais rien.
– « Tu sais, commença-t-il, chez nous en Afrique (je ne t’apprends rien), lorsque tu viens de l’étranger, il ne faut pas rentrer les mains vides. Tu dois les avoir bien chargées de cadeaux. C’est écrit nulle part, mais c’est comme cela si tu veux être bien accueilli et bien vu par les tiens. Tout le monde attend ton retour. Tout le monde a les yeux sur toi. Tout le monde ne jure que par toi (comme si tu venais tout droit du ciel ou du paradis). Tu as donc intérêt à ne pas décevoir tes proches. »
La « grande » famille et les connaissances t’attendent
– « Pour ce faire, tu dois satisfaire tout le monde ou enfin la majorité. Et Dieu seul sait combien comptent les membres d’une « bonne » et « grande » famille en Afrique. Ce n’est pas la petite famille (père, mère, frères et sœurs ou enfants). Non ! Je dis bien la « grande » famille et certaines connaissances qui sont parfois très exigeantes. Au contraire ta « petite » famille te comprendra. Mais la grande famille et les connaissances ? Alors là pas question ! Le neveu du cousin de ta tante t’accueillera bras ouverts ».
– « Ah mon fils, bonne arrivée ou « Akwaba ». Mais dis-moi, il paraît que chez les Blancs là-bas il y a du « bon » vin, du « bon » Whisky. J’espère que tu nous as apporté une petite bouteille… Le petit-frère du beau-fils de ton oncle te dira, en te faisant des accolades, « on dit quoi mon frère, dis-moi, il paraît que chez les Blancs là-bas, il y a du « bon » parfum qui sent « bon » et qui peut durer plus d’une semaine sur soi. J’espère que tu as pensé à nous… Le cadet de la sœur du gendre de ta belle-sœur te sautera dessus en disant : « Tonton, il paraît que chez les Blancs là-bas, il y a beaucoup de PS (Play Station) et que la dernière version est déjà sortie. J’espère que tu as en acheté une pour moi… ».
– «Et patati et patata ! »
Bonjour les grandes et longues tournées, tel le Père Noël
– « Gare à toi, si tu n’as pas ramené tous ces objets ou cadeaux demandés. Ils ne sont jamais allés en Europe, mais ils connaissent tout ce qui s’y trouve mieux que toi. Ah oui ! Et le lendemain de ton arrivée, bonjour les tournées à travers la grande famille, les amis, les connaissances… Tu recevras alors des invitations qui pleuvront de partout. Bien sûr, tu devras les honorer, honorer les plats qui t’y attendent (c’est là un peu l’avantage). Mais attention, tu ne dois surtout pas oublier les cadeaux mon cher « benguiste ». Telle est la réalité qui se cache et qui plane sur le retour du grand retour de l’enfant digne au pays natal. »
Est tu prêt pour retourner au pays ?…
Face à la longue mais réelle argumentation de mon ami, j’avais compris malheureusement qu’il n’avait pas tort : du tout ! Alors, sans que je n’ai eu le temps de digérer cette réalité qu’il venait de dépeindre, mon ami me retourna la question de départ : « Et toi quand retourneras tu au pays » ? D’une voix douce et empreinte de déception, je répondis : « Je ne suis pas ENCORE prêt » !
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