Coup de plume: Dame écriture, enivre moi
Il y a quelques années, je revenais du marché. Maman m’a envoyé chercher de la tomate. Elle avait oublié d’en acheter. En fait, elle oubliait souvent un petit quelque chose. Je ne sais pas comment ni pourquoi mais c’était comme cela.
C’était soit le charbon, soit l’huile, soit l’oignon. Bref, ce sont les histoires de femmes. Et le marché en question se trouvait à l’autre bout de la ville. Imaginez ma mine, lorsque maman me disait de m’y rendre.
Coup de cœur pour la poterie…
Ce jour-là, alors que je revenais du marché, j’ai été captivé et séduit par les potières. Oui, les potières qui se tenaient à l’angle et passaient presque inaperçues.
Et sans m’en rendre compte, je suis resté là, des minutes et des minutes à les admirer. Les admirer à manier avec passion, art et dextérité l’argile avec leurs mains agiles. Et peu à peu, on pouvait contempler les formes, les couleurs, les traits…
L’écriture, c’est aussi comme l’art, la poterie
Pourquoi parler de poterie? Alors que le sujet de ce mois du TBC (The Blog Contest) est clair : » écrire pour plaire, écrire pour s’exprimer, la parole qui s’ancre. »
Laissez –moi donc vous dire que c’est pratiquement la même chose, lorsqu’il s’agit d’écriture. L’écriture est un art au même titre que la poterie. Mais pas que !
L’écriture me fait penser également au cordonnier dans nos villes qui fabriquent de belles chaussures et sandales. Ces menuisiers qui nous font de beaux meubles. Ces tisserands qui nous éblouissent avec leurs beaux tissus. La liste n’est pas exhaustive.
L’écriture touche et séduit les lecteurs
L’écriture, c’est aussi cela, le fait d’associer des lettres pour en faire ressortir quelque chose de potable, qui finalement touche, séduit et parle aux lecteurs.
Pourtant, on imagine très peu souvent le travail qui se fait à l’ombre avant de livrer un texte. Combien de brouillons ai-je compilés ? Je n’ai pas le temps de compter. Combien d’idées ai-je eu puis rejetées aussitôt ? Je ne sais plus.
Écrire, c’est tourner la plume sept fois
Combien de feuilles ai-je froissées ou déchirées ? Combien de phrases, de lignes, de verbes ai-je barrés ? Combien de fois ai-je relu mon papier et l’ai fait relire par une tierce personne avant de cliquer sur « publier » ?
Combien de questions me suis-je posées devant ma page vierge ou l’écran de mon ordinateur ? Le style à adopter ? La forme, l’expression, le genre idéal ? Chronique ? Récit ? Poésie ? Comment vais-je attaquer ou chuter ?
Combien de fois me suis-je retrouvé seul devant une page vierge ? Ce sentiment étrange qui me saisit. Panne d’inspiration ? Paresse ? Occupations ? Préoccupations ? C’est vraisemblablement un peu de tout ça.
Et c’est à ce moment précis que je m’invente ou je m’imagine des arguments. Je n’ai pas d’idée…je ne suis pas inspiré… Je n’ai pas la plume… Je n’ai pas le temps… Pourtant, je sais bien que tout ça ne tient pas la route.
Quand le souci de plaire, de toucher, prend le dessus
Et après, quelques minutes de concentration, j’arrive enfin. Mais après, je me pose encore ces questions : est-ce que ça plaira à Jacques, à Odette ? Ai-je bien retranscris ce que je voulais exprimer ?
En fait, on a le souci de plaire, de toucher, de séduire, de bien transmettre, de se libérer, de dénoncer, de tout donner à travers notre écriture. Ne dit-on pas que les paroles s’envolent, mais les écrits restent ?
Écrire, c’est faire pleurer sans tendre un mouchoir
Comme le disent certains écrivains et hommes publics, « écrire c’est une respiration » (Julien Green). « Écrire, c’est mourir un peu » (Marie-Claire Blais). « Écrire, c’est vider son sac » (François Mitterrand). « Écrire, c’est s’exiler » (Linda Lê). « Écrire, c’est faire pleurer sans tendre un mouchoir » (Antonio Lobo Antunes).
Un poème à Dame « écriture »
Pour finir, je voudrais avec votre permission bien sûr, écrire et offrir ce poème ci-dessous à cette personne grande et spéciale à qui l’humanité doit beaucoup. Tout simplement, parce qu’au début était le verbe et le verbe s’est fait chair.
Berceau du langage humain.
Combien de fois ton nectar éblouit, évade, libère des émotions enfouies, refoulées ?
Pilule des cœurs assoiffés de connaissance.
Pilote du voyage des émotions et sensations.
Molière, Aime Césaire et bien d’autres sont restés hypnotisés par ta beauté.
Les paroles se bousculent dans la bouche mais s’évaporent dans l’air sans écrit.
Reine mère tu resteras le temple du savoir.
Je m’inclinerai devant toi pour m’abreuver à ta source.
Dame écriture, je te salut!
Vous avez envie d’être touché ou séduit par d’autres plumes ? Faites un tour chez :
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