Zoom sur les filles-mères : le cas d’Eva

Article : Zoom sur les filles-mères : le cas d’Eva
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28 mai 2015

Zoom sur les filles-mères : le cas d’Eva

Eva a 22 ans. Elle est fille-mère depuis quatre ans. Elle quitte ses parents à seize ans car ceux-ci ne peuvent plus assumer sa scolarité. Elle se retrouve dans ce que certains appellent la « galère » abidjanaise.

Après deux petits stages sans lendemain, Eva décide de dire « oui » à Michel. La voilà déménageant chez lui, employé dans une entreprise en tant que journalier. Mais Michel ne fait pas connaître ce statut à Eva. Au contraire, il lui promet monts et merveilles. Il lui dit même qu’il attend une promotion qui lui permettra de mener une vie de rêve avec sa dulcinée. Eva croit et se « donne » comme on dit.

Deux ans après, de leur union, un enfant naît. Michel ne veut pas faire face à la venue de cet enfant et disparaît sur plusieurs semaines. Eva ne reverra plus jamais « son » Michel. Il a pris la clé des champs et laisse Eva et son enfant dans ce qui fut la demeure commune.

fille-mère
Une fille-mère allaitant son bébé à la maternité. Crédit: koulouba.com

Ici commence alors une aventure incommensurable pour Eva. Sans emploi, voici qu’elle est livrée à la mendicité. Les jours passent et se ressemblent pour Eva. Eva la fille abandonnée… L’enfant grandit. Eva doit assumer seule. Elle change alors six fois d’amants. Changer six fois d’amants ?! Finalement, Eva se trouve une maison dans un quartier précaire à trois mille francs seulement le mois. Mais elle ne pourra pas l’assumer.

Tout le monde la fuit, elle qui ne sait plus où donner de la tête. Lorsqu’elle se présente dans une structure spécialisée dans les affaires sociales, personne ne tend l’oreille pour entendre ce qu’elle raconte. Eva a désormais le visage bouffi et les yeux remplis de larmes. Elle lève les deux mains vers le ciel et lance :

« Mon Dieu qu’ai-je fais pour mériter un tel sort  » ?

« Moi fille-mère, je n’accepterai jamais qu’un tel sort me soit jeté ».

« Moi fille-mère, je veillerai à ce que mon corps soit mon corps et pas celui du premier venu ».

Cette leçon n’est pas la leçon à Eva seule. C’est je crois, la leçon de toutes les jeunes filles-mères de notre génération. Le cas d’Eva doit faire école.

Bonne fête à toutes les mères du monde particulièrement aux filles-mères qu’on oublie trop souvent.

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Commentaires

Jean-Hubert BONDO
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Hélas, les filles mères il y en a beaucoup aussi dans Kinshasa chez-moi. Ici les filles se marient rarement avant 25 ans, mais elles ont des enfants même à 13 ans! C'est un indice de la pauvreté. En Afrique du Sud, le gouvernement essaie parfois de séparer les filles-mères de leurs bébés pour qu'elles puissent poursuivre les études.

Benjamin Yobouet
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Merci bien pour ce témoignage Jean-Hubert. On le voit, c'est une triste réalité qui se passe sous nos tropiques. Mais avec beaucoup d'espoir, nous pensons que chacun de nous prendra peu à peu conscience de ce phénomène. Bien à toi !

Seydou KONE
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disons donc bonne fête à toutes les mères

Soko
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Bonjour tout comme Eva moi aussi je suis une fille mère et passée par ces difficultés moi par contre DIeu m'a fait la grâce aujourd'hui de m'en sortir et une situation sociale stable et aujourd'hui mon plus grand projet c'est de venir en aide à toutes ses filles mère j'ai aussi besoin de votre contribution pour venir à bout de ce projet challom!!