Zoom sur les filles-mères : le cas d’Eva
Eva a 22 ans. Elle est fille-mère depuis quatre ans. Elle quitte ses parents à seize ans car ceux-ci ne peuvent plus assumer sa scolarité. Elle se retrouve dans ce que certains appellent la « galère » abidjanaise.
Après deux petits stages sans lendemain, Eva décide de dire « oui » à Michel. La voilà déménageant chez lui, employé dans une entreprise en tant que journalier. Mais Michel ne fait pas connaître ce statut à Eva. Au contraire, il lui promet monts et merveilles. Il lui dit même qu’il attend une promotion qui lui permettra de mener une vie de rêve avec sa dulcinée. Eva croit et se « donne » comme on dit.
Deux ans après, de leur union, un enfant naît. Michel ne veut pas faire face à la venue de cet enfant et disparaît sur plusieurs semaines. Eva ne reverra plus jamais « son » Michel. Il a pris la clé des champs et laisse Eva et son enfant dans ce qui fut la demeure commune.

Ici commence alors une aventure incommensurable pour Eva. Sans emploi, voici qu’elle est livrée à la mendicité. Les jours passent et se ressemblent pour Eva. Eva la fille abandonnée… L’enfant grandit. Eva doit assumer seule. Elle change alors six fois d’amants. Changer six fois d’amants ?! Finalement, Eva se trouve une maison dans un quartier précaire à trois mille francs seulement le mois. Mais elle ne pourra pas l’assumer.
Tout le monde la fuit, elle qui ne sait plus où donner de la tête. Lorsqu’elle se présente dans une structure spécialisée dans les affaires sociales, personne ne tend l’oreille pour entendre ce qu’elle raconte. Eva a désormais le visage bouffi et les yeux remplis de larmes. Elle lève les deux mains vers le ciel et lance :
« Mon Dieu qu’ai-je fais pour mériter un tel sort » ?
« Moi fille-mère, je n’accepterai jamais qu’un tel sort me soit jeté ».
« Moi fille-mère, je veillerai à ce que mon corps soit mon corps et pas celui du premier venu ».
Cette leçon n’est pas la leçon à Eva seule. C’est je crois, la leçon de toutes les jeunes filles-mères de notre génération. Le cas d’Eva doit faire école.
Bonne fête à toutes les mères du monde particulièrement aux filles-mères qu’on oublie trop souvent.
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