Janvier et ses vœux kilométriques
Qu’il me soit permis de vous souhaiter, dans ce premier billet de l’année 2016, les traditionnelles meilleurs vœux.
C’est déjà le nouvel an ! Une année vient de s’achever.
C’est un moment intense et privilégié où chacun adresse ses vœux les meilleurs. Qui dit nouvelle année, dit nouvelles orientations, nouvelles visions, nouvelles dispositions. C’est la coutume. Quoi de plus normal !
Mais le problème ici, c’est qu’il faut faire preuve de réalisme. Oui, pour cette nouvelle année, ajoutons davantage dans nos vœux et nos résolutions. Ceci, pour rompre avec tous ces chapelets et vœux kilométriques et illusoires, comme s’il s’agissait uniquement de les réciter chaque année du bout des lèvres.
J’ai reçu, hier, un message du pays. Un message dans lequel mon frère m’adressait des vœux kilométriques. Regardez un peu !
« Je te souhaite bonté, longévité, prospérité, succès, bonheur, travail, joie, beaucoup d’argent, pas de problème, moins de dépenses, paix du cœur, etc. »
Bon, je vous épargne le reste de ses vœux. On aurait dit une ordonnance d’un cas grave aux urgences d’un centre hospitalier. Je lui ai dit : « Mon frère, c’est quoi tous ces vœux ? L’année dernière, tu m’as dit la même chose » Non, je veux juste l’essentiel.
Comme mon frère, dans l’extase du nouvel an, beaucoup oublient l’essentiel dans la formulation des vœux. Surtout chez nous, en Afrique. En Europe, par exemple, et particulièrement en France, qui aurait le temps de réciter tous ces vœux kilométriques ? Hein?! Dites-moi ? Personne !
Ici, c’est du tic-tac du genre « Bonne année ! » point, c’est fini ! Car le temps, c’est de l’argent. L’argent pour assurer les dépenses quotidiennes et payer les nombreuses factures qui vous attendent.
Au fil des années, les vœux et résolutions prises sont loin d’être réalisés. De toutes façons, l’on confond « vœux » et « résolutions ». Les voeux, ce sont les souhaits ; les résolutions, des engagements !
Certes, il faut « oser avoir plus » dans la vie. Certes, il faut « voir grand » en toutes choses. Certes, il faut rêver pour donner vie à nos envies. Mais, une chose est sûre : tout rêve n’est pas utile et, j’ajouterai même, n’est pas approprié.
Qu’on n’entende pas un chômeur dire : « Cette année 2016, j’achèterai un duplex du côté de la Riviera Palmeraie (quartier huppé à Abidjan). Alors qu’il n’a même pas un semblant de stage ou d’entretien d’embauche.
Qu’on ne surprenne pas une jeune fille de 15 ans à tenter de séduire un homme de 45 ans, en espérant se marier le plutôt possible.
Qu’on ne voie, qu’on n’entende pas, qu’on ne surprenne personne à s’emporter dans des résolutions illusoires, provisoires et ostentatoires.
Non ! Nous voulons des résolutions réalistes et réalisables pour ce nouvel an. Est-ce que nous sommes obligés de dresser une longue liste ou d’égrener un chapelet de vœux et de résolutions en vain ? Pas la peine : deux, trois ou quatre suffiraient largement.
Une question : Où sont donc passés vos vœux et vos résolutions prises en 2015, 2014, 2013, 2012? Au fond, c’est le bilan positif qu’on veut obtenir à la fin qui compte.
Et ce ne sont pas uniquement les citoyens lambdas qui s’y mettent. Même nos cadres et dirigeants politiques adorent les voeux kilométriques. Sinon comment comprendre que, chaque année, l’on organise au palais présidentiel une cérémonie de présentation de voeux au président de la République?
Bon, vous allez sûrement me dire, c’est la tradition diplomatique, ce sont les institutions et patati et patata. Il faut respecter la procédure. Oui, mais faut-il bloquer les chaînes de radio et de télé du pays pendant trois jours pour nous montrer le premier ministre en train de présenter ses voeux au président?
On voit défiler les ministres, les officiers généraux, on les voit saluer le président à l’occasion du nouvel an. Ne sont-ils pas toujours ensemble? Ne dînent-ils pas ensemble? A-t-on vraiment besoin d’organiser ces cérémonies? Franchement, je n’ai jamais compris cette démarche.
Une fois, j’ai entendu un chef traditionnel présenter ses voeux au président ivoirien de cette manière: « Excellence monsieur le président, nous vous souhaitons longue vie et du succès dans vos fonctions à la tête de ce pays. Nous souhaitons que vous restiez le plus longtemps possible, afin de permettre à notre pays d’atteindre l’émergence 2020. »
De tels voeux -pardon, de telles louanges (parce que ce ne sont plus des voeux), nos chefs d’Etat africains les adorent. On comprend pourquoi les cérémonies de présentation des voeux occupent une place importante dans le calendrier des présidences.
Moi, je ne prendrai pas de résolutions. Je n’adresserai pas non plus de vœux kilométriques. Cette année, je laisse 2016 faire de moi ce qu’elle veut. Je ne veux pas grand-chose. Je veux l’essentiel pour mener ma petite vie.
L’essentiel pour cette année, c’est tout le mal que je vous souhaite. D’ici là, portez-vous bien : heureuse année à tous !
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