J’ai failli devenir fou à l’aéroport d’Abidjan
Ce n’est pas une fiction chers (es) amis (es). Mais la pure réalité. J’ai failli devenir fou. C’était un dimanche. Précisément, le 11 septembre dernier. Oups, cette fameuse date en mémoire de l‘attaque terroriste des tours jumelles survenue aux USA en 2001.
Retour de vacances d’un benguiste au pays
Moi je peux vous dire, j’ai vécu mon 11 septembre. Ce soir-là, marquait, en effet, la fin de mon séjour au pays. Un agréable séjour dans ma belle Côte d’Ivoire ! Malheureusement, trente jours de vacances à Abidjan ne valent rien ! Ça passe vite, je vous assure. Et même très vite, surtout quand on est benguiste et qu’on n’est pas revenu au pays depuis plus de deux ans.
On prend facilement deux à trois semaines rien qu’à saluer la petite famille, la moyenne famille, la grande famille, les amis, les connaissances… Bref tout le monde. Sans compter les invitations qui fusent un peu de partout ! Et au moment de profiter, de bénéficier de ses vacances à proprement dit, il ne vous reste que quelques jours.
C’est dans cette ambiance plutôt lourde et mélancolique que je m’apprêtais pour gagner l’aéroport Félix Houphouet Boigny d’Abidjan. À vrai dire, je n’avais pas trop l’envie de retourner de suite. Je paressais… Je traînais…! C’est comme si mon retour m’avait surpris. En réalité, c’est véritablement à cause des délicieux mets locaux de maman, des tantes, des cousines…; des invitations et des multiples sorties avec les amis… Tout ça me retenait tellement !
Les provisions , vrai dilemme pour un benguiste en vacances
‘Toutefois, il y avait une chose qui me consolait, qui me réconfortait. C’était le fait de ramener plusieurs provisions locales. Mais tenez-vous bien, lorsqu’on voyage soit pour l’aller ou pour le retour au pays, on a droit toujours – oui toujours ! – à des commissions. « S’il te plaît, ramène-moi ceci, apporte-moi cela ou envoie ceci ou cela à X ». Et bonjour les nombreux bagages.
Malheureusement, ça été mon cas et justement, c’est tout cela qui m’a rendu fou, oui fou. J’ai failli devenir fou tout simplement parce que moi seul, je voulais ramener plusieurs boules d’attiéké, du beurre de Karité… J’ai failli devenir fou parce que moi seul, je voulais ramener des escargots, des sachets de poudre de manioc, des corossols, des poissons fumés.
Un stress ou une folie qui ne dit pas son nom
J’ai failli devenir fou parce que je voulais ramener du gombo sec, des ignames, des cubes d’assaisonnement… J’ai failli devenir fou parce que je voulais ramener également les commissions confiées ici et là.
Ce que j’avais oublié, ce que l’avion ne m’appartenait pas et que je n’avais droit qu’à 46 Kg de bagages en soute et 12 Kg pour monter dans l’avion. Conséquence : j’ai été refusé et retourné avec mes nombreux bagages pendant l’embarquement. Motif : « bagages excédants monsieur ça ne passe pas, veuillez réduire vos kilos S’il Vous Plaît » !
Je suis donc ressorti aussitôt. Je me suis retrouvé dehors pour réduire mes affaires. Heureusement que les parents et amis étaient encore là. C’est là qu’a commencé ma folie. Que devrais-je laisser et enlever ? C’était dur et compliqué. Non pas mes boules d’attiéké, non pas mes escargots, non pas mes ignames, ça coûte cher en France !
J’avais du mal également à me séparer des commissions des personnes très proches ! Mon Dieu pourquoi tout ceci m’arrive maintenant ! Pendant que je réfléchissais à quoi retirer et quoi laisser, le temps, lui, courait très vite. Il ne m’attendait pas. Plus les minutes, les secondes s’écoulaient, plus je devenais de plus en plus fou.
Et tout d’un coup, je fermai les yeux. Et je retirai les affaires que ma main touchait pendant trois bonnes minutes. Et voilà hop ! Mes bagages étaient réduits ; ouf ! Je me précipitai à nouveau devant le stand de l’embarquement. À peine avais-je déposé mes bagages sur la balance que j’entendis de nouveau : « Non, monsieur ça ne va pas hein, vos bagages excèdent encore ».
« Encore » ? Ai-je crié ! « Oui encore allez, sortez vite pour les réduire. Mais S’il Vous Plaît dépêchez-vous car on ferme dans 5 minutes. Vous êtes le dernier passager à embarquer, dépêchez-vous » !
Oh mon Dieu ! Il ne fallait pas qu’on me lance ces deux dernières phrases au visage : « dépêchez-vous, on ferme dans 5 minutes… Vous êtes le dernier passager ».
Alors là, ma folie avait atteint son paroxysme ! Je sortis dans le hall de l’aéroport en trombe. Je n’avais plus mes esprits en place. Je n’avais plus le temps de réfléchir. Je n’avais plus de temps de choisir : quoi enlever quoi laisser. Comme un fou, je refermai mes yeux pour retirer à nouveau tout ce que je pouvais retirer.
Et pendant que je luttais avec mes bagages tout en sueur, j’entendais à maintes reprises une voix annoncer dans tout l’aéroport d’Abidjan : « le passager Yobouet Koffi Benjamin…est prié de bien vouloir se présenter pour embarquement IMMÉDIAT » !
Imaginez à ce moment, le degré de ma folie parce que de toute ma vie, c’était la première fois qu’on « hurlait » mon nom dans un aéroport. J’étais à deux doigts de rater mon vol et pour quel motif ? Eh bien : bagages excédants ! Que c’est drôle !
Lorsque quelques minutes plus tard à l’embarquement j’entendis enfin « ok , c’est bon maintenant monsieur pour vos bagages », j’ai laissé échappé un large sourire, un long soupir.
J’ai retrouvé tous mes esprits que lorsque j’ai pris place dans mon siège N° 32 A les yeux fermés vers l’hublot de l’avion qui décollait déjà. Destination : Bruxelles puis Paris ! Ouf ! Je vous l’ai dit, j’ai failli devenir fou. C’était mon 11 septembre à moi…!
Vous voulez lire d’autres billets ? Retrouvez-les tous ICI. Très bonne lecture à vous 🙂
Commentaires