Benjamin Yobouet

Chez les chinois, on mange à volonté

Ils ne finiront pas de nous épater. Qui? Nos frères chinois, bien évidemment, ces rois du business présents partout dans le monde. Ils ont ce “génie” d’attiser la clientèle à travers la création de fastfood particuliers. Eh oui, très particuliers. Ici particulièrement en France, on les appelle tout simplement « manger à volonté ».

Ce sont des restaurants bien aménagés et bien fournis implantés dans presque toutes les villes en France. Lorsque vous y mettez les pieds, il suffit de payer un tarif unique à portée de tous et bingo vous avez droit à tous les menus que vous souhaitez.

Oui, avec 15 ou 20 euros ou plus (cela varie en fonction des villes et des restaurants), vous pouvez manger tout ce que vous voulez, tout ce qui vous désirez, du moins tout ce que vous trouvez sur place. Ce n’est pas tout, vous pouvez en redemandez autant de fois que vous le souhaitez. Ah les chinois, ils sont formidables.

Vous voulez une, deux, trois entrées? Bah, le choix vous revient. Vous voulez plusieurs sauces et plats de résistance? A vous de voir. Vous voulez goûter à toutes les variantes de desserts. Allez-y. Tout est permis.

un plat asiatique dans un restaurant chinois
Un plat asiatique dans un restaurant chinois – Source : Pixabay.com

Non, ce n’est pas une histoire drôle comme je l’avais dit une fois à Noel, mon cousin, lorsqu’il m’en a parlé. La première fois que j’y ai mis les pieds, c’était il y a un an. J’étais tout aussi surpris. Noël m’avait conduit dans l’un de ces restaurants justement pour que je réalise enfin que cela était loin d’être une histoire.

Ce soir-là, nous étions trois, et pourtant, nous avions mangés comme des fous de l’entrée aux desserts en passant par les plats de résistances ( viandes, poissons de toute sorte). Nous avions bu comme si c’était notre dernier jour. Et pendant ce temps, plusieurs personnes meurent de faim quelque part dans le monde.

Vins rouges, rosées, eau minérale…tout y est passé. Et vous savez combien nous avons payé à la sortie? Pas plus de 20 euros. C’est presque rien ici surtout quand il s’agit de manger dans un restaurant. Allez demander le prix d’un seul menu dans un restaurant comme “chez papa”, à Paris. Vous n’aurez plus l’appétit.

un bar équipé dans un restaurant chinois
Un bar équipé dans un restaurant chinois – Source : Pixabay.com

Le lendemain après avoir digéré tout cette accumulation gastronomique et culinaire, je me suis posé les questions suivantes : comment ils s’arrangent ces tenants de restaurants pour proposer des consommations à volonté? Cela rapporte t-il vraiment ? Que se cache t-il réellement derrière ces restaurants à vil prix?

Je me suis dis que si cela continue jusqu’aujourd’hui, alors c’est que ce business rapporte énormément. Parce que dans ces restaurants, il est souvent difficile de compter les clients qui défilent à longueur de journée et de soirée.

Surtout que ces lieux sont abordables et très pratiques. On peut envoyer sa petite famille profiter de temps à autres ou inviter une fille qu’on veut satisfaire ou peut-être impressionner ( à condition qu’elle ne sache pas…rires).

Mansour, un de mes amis m’a confié que la prochaine fois qu’il ira avec ses amis dans un de ces restaurants là, ils se prépareront en conséquence. Entendez par-là, que lui et ses amis ne badineront pas avec tous les menus car très souvent certaines personnes se retrouvent avec le ventre plein avant même les plats de résistances. Voilà tout le secret peut-être du business de la consommation à volonté.

Lorsque j’ai raconté cela à un de mes amis au pays, il m’a dit Benjamin, aucun chinois n’osera créer ce genre de restaurant chez nous parce qu’il le regrettera amèrement. Face à sa réponse, j’ai rigolé énormément. Vrai ou faux? Est-ce un défi pour nos amis chinois? Je ne saurais répondre ! Une chose est sûr, chez les chinois, plusieurs benguistes mangent à volonté.


L’africain et les bagages, une question de culture

Un midi, dans une causerie au travail, mon collègue français m’a posé cette question. « Pourquoi les africains voyagent toujours avec de nombreuses valises ? Ils sont parfois obligés de payer un surplus pour des kilos de bagages ».

Honnêtement, depuis mon Abidjan natal, je trouvais cela normal, qu’une personne qui part  en voyage même pour quelques semaines puisse emporter son armoire avec lui. Rires, bon je déconne un peu !

Le premier jour où mon ami ivoirien Éric a mis les pieds en Europe, il avait un seul sac au dos. Celui qui l’avait accueilli lui fit cette remarque : « mais où est le reste de tes affaires » ? Il répondit qu’il avait uniquement ce sac, sinon à quoi bon se surcharger avec des valises ou des bagages ?

Celui-ci lui avait posé cette question parce que, comme mon collègue du travail, ils ont remarqué que les africains voyagent avec des tonnes de bagages. En effet, plus de deux personnes avaient déjà attiré mon attention sur ce fait.

Alors sans vouloir, mon esprit dictait mes yeux partout où je me rendais que cela soit dans un aéroport ou dans des stations de voyage ou des gares. Je faisais la comparaison entre les bagages des voyageurs européens et ceux de mes compatriotes.

Le constat était clair, l’Afrique voyage avec sa solidarité qui se ressent jusqu’au niveau de ses bagages. Lorsqu’un africain voyage, il y aura toujours des commissions par-ci et par-là. Tandis que l’Europe et sa solitude font bon ménage à travers un bagage normal pour la plupart du temps un sac au dos ou une petite mallette.

L'europeen voyage avec des bagages raisonnables
L’européen voyage généralement avec des bagages raisonnables. Crédit Libre Photo : Pixabay.com

Africain, je le suis, mais j’avais cette envie de poser aussi la même question à certains de mes compatriotes : pourquoi tant de bagages? L’occasion ne tarda à se présenter. En partance pour un voyage, un de ces jours, nous avons dû changer de car pour raison d’escale.

J’étais tranquillement assis veillant sur mon sac, quand s’approcha de moi une femme camerounaise. Elle avait la trentaine, elle était toute trempée de sueur malgré l’hiver qui battait la cadence.

Mon frère bonjour, me lança-t-elle. « J’ai besoin d’un coup de main avec mes bagages », continua-t-elle. Sans poser de question, je lui souris et nous prîmes la direction jusqu’au coffre du car. Grande fut ma surprise, lorsque je vis le lot de ses bagages ; pour elle seule, me suis-je demandé ?

Pour moi, c’était un peu abusé et c’était sans penser aux autres voyageurs. Elle avait plus de cinq grosses valises pendant que les règles de la compagnie de transport exigeaient deux valises par voyageur.

Après l’avoir aidé, je lui demandai si elle faisait un déménagement. A cette question, elle me répondit : « Ayiiiii tu n’es pas africain »? Je lui répondis par l’affirmative et elle continua en m’expliquant que pour elle, un bon africain ne pouvait voyager avec un seul sac au dos.

« Regarde mon frère, je suis allée faire deux semaines chez ma belle-sœur, normalement je devais rentrer par avion mais à cause du nombre de mes bagages, j’ai dû opter pour le car un peu ennuyant ».

Lorsqu’un africain voyage, il y aura toujours des commissions par-ci et par-là
Lorsqu’un africain voyage, il y aura toujours des commissions par-ci et par-là. Crédit Libre Photo : Pixabay.com

« Ici, personne ne viendra me demander combien de bagages j’ai. Je suis trop heureuse, dans ces bagages que tu vois, j’ai un peu de tout : provisions, produits de beauté, habits, chaussures…sans oublier les commissions de quelques connaissances. »

« Je suis contente de t’avoir rencontré mais toi, où sont tes bagages » ?  Je lui montrai mon sac au dos. « Toi tu es peut-être un homme, c’est pour cela, pas comme nous les femmes-là. En plus, nous les femmes, nous devons avoir plusieurs vêtements, être prêtes pour toutes les occasions peu importe si le voyage doit durer ».

Lorsque, je laissai cette étrangère pour emprunter mon car, je la voyais supplier de l’aide pendant que certains passagers grognaient et étaient mécontents pour le retard qu’occasionnait l’enregistrement de ses bagages. Mais cela l’importait peu.

A l’instar, de cette femme, chaque jour, ce sont des milliers d’africains qui traînent des kilos de bagages dans nos aéroports et nos gares, plusieurs questions suscitent notre réflexion.

L’écrivain français Henry de Monfreid disait : « n’ayez jamais peur de la vie, n’ayez jamais peur de l’aventure, faites confiance au hasard, à la chance, à la destinée. Partez, allez conquérir d’autres espaces, d’autres espérances. Le reste vous sera donné de surcroît ».

D’accord, il faut voyager, mais est-ce nécessaire tant de bagages, quand on sait qu’à la fin seulement quelques-uns nous seront d’une grande priorité ?

Est-ce nécessaire de voyager avec plusieurs valises, quand nous savons qu’à notre retour, nous reviendrons encore avec autant ?

Ne serait-il pas convenable avant un voyage de penser aux autres passagers ? Surtout dans les cars et bus, en faisant un tri des plus importants au moins nécessaires ? Il est clair, les africains et les bagages, c’est une longue histoire, une question de culture. Et personne ne niera !


Benji, j’ai changé

Très cher Benjamin, j’ai beaucoup hésité et réfléchi par sept fois avant de t’écrire. À vrai dire, je ne savais pas trop quoi dire, comment ou par quoi commencer. C’est pourquoi, au moment où j’écris ces mots, j’avoue être très nerveuse. Ce n’est pas très grave. Je me ferai fort d’accomplir ce devoir de mémoire. Benjamin – pardon « benji », je préfère ce nom – sache que j’ai changé. Benji, j’ai changé de vie. Je tiens vivement à partager avec toi ma nouvelle vie, ce nouveau départ de ma vie, parce que, malgré le temps qui s’est écoulé, malgré la distance qui nous séparent depuis plus de deux ans, tu es resté cette personne si chère à mes yeux.

Tu te diras sûrement intérieurement, « qu’est-ce que j’ai à foutre de ta nouvelle vie ? » Je te le concède, tu n’as pas tort. Mais je sais fort bien, au fond de mon cœur, que tu seras fier et heureux de cette nouvelle vie. Car, combien de fois ne m’as-tu pas interpellé ? Combien de fois n’as-tu pas essayé de m’aider ? Combien de fois ne m’as-tu pas conseillé ? Et moi, je restais là, sourde, indifférente à toutes tes démarches.

Aujourd’hui, je voudrais très sincèrement te présenter toutes mes excuses. Je te demande réellement pardon pour tous ces pires moments que je t’ai fait subir volontairement ou involontairement. Tu le sais bien, le problème n’était pas que je ne t’aimais point. Non je t’aimais follement. Ma sœur Yvette et tes amis pourront en témoigner. N’est-ce pas toi mon premier amour, mon premier homme, le premier…à qui j’ai tout donné ?  

Prendre le risque de changer de vie
Prendre le risque de changer de vie. Crédit Photo Pixabay.com

Mais il fallait faire avec les réalités qui se présentaient. Après le départ brusque de papa, ça n’allait plus à la maison. Le commerce de Maman ne marchait plus. La pauvreté et la misère frappaient à notre porte. Ils ont fini par la force des choses à être nos meilleurs compagnons. Toi étudiant, tu ne pouvais pas subvenir à mes besoins ni à ceux de ma famille. Raison pour laquelle j’avais finalement cédé aux avances de ce monsieur qui pouvait avoir l’âge de mon Père. Bien sûr, tu me diras que ce n’est pas un alibi, un argument valable, que j’avais largement le choix. Oui, tu n’as pas tort. J’avoue avoir fait un mauvais, un très mauvais choix d’ailleurs.

Changer de vie, n'est souvent pas aisé
Changer de vie, n’est souvent pas aisé. Crédit Photo : Pixabay.com

L’essentiel aujourd’hui benji, est que j’ai changé. Rassure toi je ne l’ai pas fait pour toi. Je l’ai fait pour MOI. Tu n’imagines pas comme j’ai souffert pendant tout ce temps.
Je me sens à présent très bien dans ma peau. Benji, je suis enfin libre. Libre, benji, tu comprends ça ? Benji, c’est comme si j’avais été emprisonnée, séquestrée… Je peux enfin me regarder dans le miroir lorsque je me retrouve seule dans la chambre. Je peux broncher un mot sur le débat des filles qui ont des relations basées sur les intérêts.
A présent je respire la vraie liberté. Bref, je suis MOI.

Pourtant, je l’avoue ça n’a pas été facile. Pas facile du tout ! Il m’a fallu décider finalement. Et, crois moi, ça n’a pas été de tout repos. Prendre mon courage à deux mains pour braver tout cela. Braver la réaction de ma mère qui est à l’origine de cette situation.
Ne me demande pas comment je ferai pour subvenir aux réalités de la vie, maintenant que j’ai tout abandonné. Je ne sais pas trop. En revanche, ce que je sais, c’est que j’ai pris le risque de changer de vie. Quel que soit ce qu’il adviendra.

J’espère que cette nouvelle te réjouira toi qui souhaitais tant que je redevienne la fille que tu avais connue. La belle fille douce, respectueuse, pieuse et vertueuse que tu chérissais.
C’est vrai que ça ne pourra plus marcher entre nous. Mais je ne cesserai de te porter et de te compter dans mon coeur. Retiens toutefois ceci : benji, j’ai changé !

Tati..!

NB : Ce texte s’inscrit dans le cadre du dernier challenge du #TBC. Challenge qui a pour thème ce mois  » Prendre le risque de changer de vie« . J’ai tété heureux de partager cette belle expérience avec mes amis blogueurs durant ces six mois.

Mais n’oubliez surtout pas de faire un tour chez mes autres amis challengers. Ils ont aussi de très bons textes à partager avec vous !
Elieko
Le Tchoupinov
Leyopar
Samantha

Retrouvez tous mes billets en rapport avec le #TBC, ci-dessous :

  1. – MA PLUME POUR LE #‎TBCS3E0‬ 
  2. – ET POURTANT…C’EST UNE VIEILLE FILLE 
  3. – VIENS VOIR COMMENT ON FÊTE NOËL CHEZ NOUS
  4. RÉSEAUX SOCIAUX : FAITES LE BON CHOIX
  5. COUP DE PLUME: DAME ÉCRITURE, ENIVRE MOI
  6. SI J’ÉTAIS UNE FEMME…


Benguiste : 12 autres appellations selon les pays

Durant mon séjour à Dakar, en décembre dernier, j’ai eu la chance de rencontrer avec beaucoup de joie plusieurs nationalités, plusieurs blogueurs, plusieurs amis (es) venus (es) de divers horizons.

Au-delà de la formation de Mondoblog RFI qui a eu lieu, l’occasion a été et l’est toujours, belle et riche, de découvrir un peu plus sur les réalités, les cultures, le langage des autres.

C’est alors qu’on réalise que certaines expressions présentent parfois des divergences mais aussi des similitudes d’un pays à un autre. N’est-ce pas intéressant ça ? Surtout que, ce n’est pas un péché d’assouvir quelques fois sa curiosité. Découvrons ensemble douze (12) autres appellations de l’expression  » benguiste « .

« Benguiste » en Côte d’Ivoire, Burkina, Mali…

Si en Côte d’Ivoire, au Burkina, au Mali…, on appelle benguiste , l’africain ou l’africaine qui séjourne ou vit en Europe, ce n’est pas le cas pour le Cameroun. Dans le pays de Paul Biya, on ne dira pas  « benguiste » mais plutôt « mbenguiste ».

« Mbenguiste », « voyageur », « panaméen (enne) », « mbeiguétaire », « parigot »» au Cameroun

Et si l’on remarque bien, il y a simplement l’ajout de la lettre « » qui précède l’expression. Au Cameroun, il n’y a pas que cette expression-là. Ne vous inquiétez pas, il y en a encore dans le vocabulaire camerounais.

Ainsi, l’on a par exemple les expressions suivantes : « voyageur », « panaméen », « mbeinguètaire », « parigot ». La dernière est justement aussi employé en Côte d’Ivoire même si ce n’est plus très en vogue comme au temps des premiers ivoiriens qui débarquèrent en Europe.

Paris, l'une des destinations favorites pour benguiste
Paris, l’une des destinations favorites pour benguiste. Crédit : Pixabay.com

Ngulu, mikiliste… pour le Congo Kinshasa et le Congo Brazaville

Au Congo Kinshasa (zaïre), l’expression « mbenguiste » s’utilise parfois comme c’est le cas au Cameroun. Toutefois, il existe l’expression « ngulu » pour désigner les clandestins qui embarquent pour l’Europe.

L’Europe signifiant en langue locale « poto » ou « mbengue » ou encore « mikili ». Voilà pourquoi, l’expression la plus populaire est « mikiliste » que l’on soit au Congo Kinshasa comme au Congo Brazaville.

Com from, gentes da tuga au Burundi et en Angola

Si vous faites un tour du côté du Burundi, on appelle les africains vivants en Europe les « com from » pendant qu’en Angola, on vous dira « gentes da tuga » tout simplement.

Yovodé to, simélan… au Togo

Si vous redescendez dans l’Afrique de l’Ouest, particulièrement au Togo, c’est tout autre chose. « yovodé to », voici l’appellation qu’on donne à tout africain qui se trouve de l’autre côté de l’atlantique.

En effet, « yovo » se traduit en langue locale « blanc », «  » pour « origine » et « yovode » pour « territoire de blancs ».

Mais, les jeunes togolais utilisent ou préfèrent aussi une autre expression, considérée un peu de l’argo : « simélan ». Cela se traduit littéralement par « animal de l’eau », « éssimé » qui veut dire « dans l’eau » pour finalement attribuer cela à l’occident ou au continent européen.

Derrière l'eau, l'illusion
Derrière l’eau… Crédit Photo: Benjamin Yobouet; pris à à Rincon de la victoria (Espagne)

« Diaspora » en Guinée Conakry

Enfin, chez nos frères et sœurs de la Guinée Conakry, on ne se fatigue pas trop. Il suffit juste de lancer le ou la « diapora » à celui ou celle qui vient de l’autre côté. Même si les appellations diffèrent d’un pays à un autre, les définitions ou statuts restent les mêmes un peu partout.

Parce que, est mbenguiste, comme from, yovodé to, gentes da tuga,ngulu, voyageur, benguiste, ou même mikiliste… l’africain ou l’africaine qui vit ou séjourne en Europe et sur qui l’on compte souvent beaucoup au pays. A tort ou à raison ? Telle est la question. Et vous, comment appelle t-on dans vos pays respectifs ces africains qui vivent ou séjournent en Europe ?


Si j’étais une femme…

Si j’étais une femme, une vraie. Je ne dis pas une fille qui vient de découvrir ses seins ni une demoiselle qui se fait draguer à chaque carrefour. Je dis et je répète, une femme. Je n’allais pas trop bavarder comme certaines le font dans leur foyer.

Je n’allais pas être une femme perroquet, qui parle matin, midi et soir. Oui, celle qui fatigue ou fait souvent même fuir ses enfants, son époux, ses servantes, sa famille… Non, je serais une femme douce, attentive, posée, ouverte, qui a la maîtrise de soi.

En fait, j’allais être comme tante Rosine (paix à son âme). Oui ma tante, une femme si spéciale. Elle ne parlait jamais lorsque son mari commençait à découcher.

Elle ne parlait jamais quand son mari commençait à rentrer tard. Elle ne parlait jamais, lorsque dehors, on commençait à raconter que son mari entretenait des relations avec plusieurs filles.

Elle ne parlait pas quand celui-ci revenait même avec ses copines, de jeunes filles à la maison. Bien au contraire, elle les accueillait avec self contrôle et sympathie sans se plaindre.

Etre femme, ce n'est pas être une fille  ni une demoiselle
Etre femme, ce n’est pas être une fille ni une demoiselle

Et nous, nous restions là perplexes face à son indifférence notoire. On se demandait si elle n’avait pas un réel problème. On se demandait si elle avait un cœur. On se demandait si elle aimait vraiment son mari. Parce que regarder son mari faire tout ceci sans broncher, il fallait être tante Rosine.

Un soir, elle avait passé la nuit au salon dans le canapé parce que son mari était occupée dans la chambre avec une de ses conquêtes… Ah que de choses à supporter. Mon oncle était certainement sans coeur…

Mais dès le lendemain, ma tante cuisinait les plats préférés de son cher époux. Elle restait à ses côtés. Elle prenait soin de lui. Cela a duré quelques semaines…

Et plus tard, nous remarquions que le super Don Juan, avait arrêté de découcher. Il avait arrêté de courir les jupons dehors. Il rentrait très tôt au grand dam de toute la maisonnée. Mais que s’est-il passé ?

En vérité, tante Rosine n’avait pas eu besoin de bavarder, de crier, de menacer, de plier ses bagages, d’alerter tout le monde. Non, c’est grâce à sa maîtrise de soi.

Une maîtrise de soi tellement forte et capable de susciter la honte, des remords, des regrets chez son mari. Un mari vaincu de plus en plus par une indifférence qui ne dit pas son nom.

Ce n’est pas que tante Rosine n’aimait pas son mari. Ce n’est pas le fait, qu’elle ne souffrait pas. Dieu seule sait combien de fois elle souffrait intérieurement pendant toutes ces semaines. Je la voyais toujours souriante devant tout le monde.

Cependant, lorsqu’elle se retrouvait seule, elle se consolait derrière de chaudes larmes. Personne dans la famille n’était au courant de ce qui se passait. Elle interdisait qu’on raconte cela dehors. Elle protégeait son foyer disait-elle…

C’était dur, dur d’être une femme. Cela ne l’empêchait pas de vaquer aux nombreuses tâches quotidiennes qui l’attendaient, et dans la maison, et dehors.

Faire le marché, cuisiner, accompagner les enfants à l’école, balayer la grande cour de derrière, laver les habits de son mari, les sécher, les repasser, les ranger…

Se plaindre, crier, bavarder, reprocher est-ce la meilleure solution ? Quand on sait que plusieurs femmes, en le faisant n’arrivent toujours pas à bout et prennent la clé des champs. Vous me direz certainement, Benjamin, ça va pas non ? Ou te crois-tu ? Au premier siècle ?

si j'étais une femme
si j’étais une femme

Non, tante Rosine n’était pas du premier siècle. Elle était de notre siècle, de notre temps, de notre époque mais spéciale à sa manière.

Ce genre de femme existe-t-il de nos jours ? Quelle fille – pardon – quelle femme, aujourd’hui ferait ça ? On croit qu’être femme au foyer est une chose aisée et facile. Et que c’est la porte ouverte et totale au bonheur.

Lorsque tante Rosine rendit l’âme un dimanche sur le lit de la maternité, ce jour-là, mon oncle sut qu’il n’aura jamais, oui jamais, une telle femme. Une femme douce, calme, posée, spéciale…

Une femme vraie, prête à supporter toutes les caprices d’un homme. Non, c’était fini… Hommage à toi tante. Puisse Dieu veiller sur ton âme…

On croit souvent, en tant qu’homme, qu’être femme, est une chose facile et aisée. Il suffit alors de se mettre dans la peau d’une femme pour s’en rendre compte.

Courage à toutes ces femmes qui souffrent intérieurement de différentes manières dans leur foyer.

Homme que ferais tu, si tu étais à la place de tante Rosine? Que ferais tu ou quelle femme serais tu, si jamais tu étais une femme ne serait-ce que quelques secondes?

Si j’étais une femme, j’allais être une femme spéciale. Pas une demoiselle, pas une fille, peut-être pas comme tante Agnès mais une vraie… !

En vérité, en vérité, difficile pour moi de me mettre dans la peau d’une femme, je préfère rester dans ma peau d’homme mais pas celui de mon oncle.

PS: J’ai essayé de me mettre dans la peau d’une femme, celle de ma défunte tante, conformément au thème de ce mois du #TBC Challenge « Mon histoire, ou expérience dans la peau d’une femme ».

Rassurez-vous, je ne suis pas seul; faites un tour chez mes autres amis challengers. Ils ont aussi des expériences à partager avec vous.

Elieko
Le Tchoupinov
Leyopar
Samantha